De temps en temps, je surfe sur la blogosphère des expatriés, on retrouve forcément des points communs quelque soit le continent ou le pays dans lequel on est, on a beau venir d’horizons différents, on partage souvent les mêmes sentiments et on vit la même chose, ce qui fera la différence c’est la manière dont se fait l’expatriation, le contexte dans lequel on le vit et surtout l’état d’esprit dans lequel on est.
Aujourd’hui je partage avec vous un article très intéressant que j’aurai pu écrire ; il s’agit du joli blog de Laëtitia, expatriée à Portland (USA) :
Quitter la France et partir vivre à l’étranger, pour une période déterminée ou indéterminée, est une grande aventure. En ce qui me concerne, et comme vous le savez maintenant, partir vivre aux USA était un rêve de longue date. La période de transition – entre le moment où on a su qu’on partait et celui où je suis arrivée réellement arrivée aux USA– a duré 5 mois. Et j’ai compté chaque jour qui passait et me rapprochait un peu plus du départ tant attendu. Si je m’étais préparée psychologiquement à pas mal de chose (le manque des amis, de la famille, du fromage, l’inactivité professionnelle…), certaines m’ont totalement surprises, parfois désarçonnées.
Pour vous aider à mieux appréhender votre départ, je vous livre ici les 5 choses à savoir avant de s’expatrier.
1 – Partir pour découvrir, pas pour fuir
Partir vivre à l’’étranger c’est saisir l’opportunité de s’enrichir et de découvrir un pays, une culture, des gens. Ça offre également un tout nouveau terrain de jeu en terme de voyages, de week-ends, d’escapades. Ça permet de se confronter à de nouvelles situations, d’ouvrir son esprit à des us et coutumes différents des siens. C’est à la fois enrichissant et déroutant.
Alors partir parce que l’on est persuadé que l’herbe est plus verte ailleurs, c’est se méprendre totalement et s’exposer au risque d’être fort déçu(e) ou frustré(e). Parce qu’elle n’est pas plus verte, elle est juste d’un vert différent, une autre nuance sur la palette des verts. Mais comme partout ailleurs, à l’étranger, l’herbe est parfois trop haute ou trop basse, parfois trop sèche. Et puis il y a aussi de la mauvaise herbe, c’est universelle. Je pense qu’il est donc primordial d’en avoir pleinement conscience avant le départ, et de ménager ses attentes pour ne pas tomber de haut à l’arrivée!
Personnellement, nous nous sommes expatriés sans préjugés et sans attente. Motivés simplement par l’envie de changer de cadre, et je pense que cela contribue aussi à la réussite de notre expatriation. Je le disais récemment dans une interview donnée sur le blog Les 5 Coins du Monde, j’essaie de ne pas comparer la France et les États-Unis en termes de « mieux » ou « moins bien », mais apprécie simplement les différences entre ces deux cultures.
Mes conseils :
- Partez avec l’esprit ouvert et sans idée préconçue
- Envisagez cette expatriation comme une opportunité de grandir et vous enrichir
- Sachez que rien n’est irrémédiable et que vous avez toujours la possibilité de rentrer
2 – Ne sous-estimez pas le déracinement
Avant de changer de pays, je n’avais pas l’impression de me sentir « Française ». En tout cas, pas plus que je me sentais Européenne ou simplement Citoyenne du Monde. Et je n’avais pas non plus l’impression que vivre aux USA serait très différent, si ce n’est que ça allait nous donner l’opportunité de voyager davantage.
Les trois premières semaines se sont super bien passées, une vraie lune de miel, j’étais animée par l’excitation de tant de découvertes, comme lors de nos dernières vacances. Et au bout de trois semaines, gros retour de manivelle, j’ai ressenti un profond et troublant déracinement. Non pas que la France me manquait, mais juste que je n’avais pas encore apprivoisé ce nouveau pays, ce nouvel environnement. Ce qui m’a d’ailleurs surprise, parce que je n’avais jusqu’alors jamais eu le sentiment d’être « enracinée » en France non plus..
Là j’ai compris que ce n’était pas juste des vacances, et soudainement, j’ai manqué de repères, me suis sentie totalement perdue dans cette nouvelle vie qui n’était pas encore tout à fait mienne, mais dans laquelle il n’y avait pas non plus de traces de l’ancienne. Un sentiment étrange de ne plus « appartenir » à aucune vie, à aucun pays. Et quand je dis « perdue », je l’entends au sens propre comme au figuré. J’étais perdue dans mon quartier, perdue dans les rayons de supermarché, mais aussi personnellement un peu déboussolée, ressentant presque littéralement le manque de racine. Mais le temps faisant son œuvre, et résolue à faire de cette expérience une réussite, il ne m’a finalement pas fallu très longtemps pour retrouver un sentiment de stabilité.
Mes conseils :
- Laissez-vous du temps pour « poser vos valises » et reconstruire votre cocon
- Allez vers les autres : l’homme est un animal social. J’ai trouvé que c’était un excellent moyen de reprendre racine dans cette nouvelle terre.
3 – Apprenez la langue
S’expatrier implique souvent de partir vivre dans un pays dont la langue principale est différente de sa langue d’origine. Face à ce postulat, il y a deux options : To Apprendre or Not To Apprendre la langue en question.
Bien évidemment je ne saurai que trop vous recommander de l’apprendre au plus tôt. Que ce soit pour des procédures administratives, faire des rencontres, faire ses courses, aller chez le médecin, vous serez très rapidement amenés à vous exprimer uniquement dans la langue du pays, vous devrez comprendre et vous faire comprendre. Si l’espagnol est une langue assez fréquemment parlé aux USA, les personnes ayant des notions de français sont un peu plus rares. Ne comptez donc pas sur ça.
Depuis notre arrivée, j’ai régulièrement pensé que le fait que nous parlions anglais couramment a facilité notre intégration et notre quotidien, et ce à tous les niveaux. Mais, le moment où j’en ai pleinement pris conscience, c’est un soir de fin janvier quand j’ai dû faire un séjour aux Urgences. Vous imaginerez facilement à quel point ce type d’expérience peut s’avérer stressant et inconfortable? En général, lors d’une consultation programmée à l’avance, les hôpitaux ont l’obligation de proposer l’assistance d’un traducteur aux patients. Mais aux urgences, il n’y a pas un interprète pour chaque langue, de garde, dans tous les hôpitaux de la ville! Heureusement pour moi, je n’en aurai de toutes façons pas eu besoin, parce que j’étais totalement en mesure d’expliquer mes symptômes et de répondre aux questions des médecins.
Et puis pour rebondir sur le point n°2 que j’évoquais plus haut, être en capacité d’échanger et d’interagir avec tous les protagonistes de votre nouvelle vie vous permettra de trouver vos marques et de vous intégrer plus rapidement.
Je ne vous mentirai pas, on ne devient pas bilingue en quelques mois, mais commencez dès que possible à vous familiariser avec la langue pour avoir une base pour communiquer. Pour le reste, vous aurez tout le temps de parfaire votre niveau une fois en immersion.
Mes conseils :
- Regarder des films ou séries en anglais, écouter des chansons en lisant les paroles.
- Il existe des méthodes pour l’apprentissage des langues : Rosetta Stone, DuoLingo (gratuit), et d’autres méthodes pour apprendre rapidement.
- Participer à des rencontres franco-anglaises/américaines dans votre ville
4 – Loin des yeux…
J’ai voulu croire très fort que mes relations amicales seraient toujours aussi présentes même quand 10.000kms nous sépareraient. D’ailleurs, je n’ai jamais imaginé qu’il puisse en être autrement. A 18ans (en 1999 – ça me rajeunis pas tout ça), j’étais partie vivre en Irlande et avais un peu souffert de l’éloignement, du manque de moyen pour communiquer. Mais pour ce départ aux US, et parce que les technologies ont tellement évoluées depuis, j’étais persuadée que ce serait « fingers-in-the-noze », qu’on échangerait plein d ‘emails, qu’on s’appellerait par Skype, etc. … Mais voilà, il y a un « mais ». Et pour éviter la même déconvenue, à quiconque envisage de changer de pays, je tenais à témoigner de mon expérience personnelle.
Je n’irai pas jusqu’à dire que « loin des yeux, loin du cœur », parce que je n’ai pas la prétention de savoir ce qui se passe dans le cœur de mes amis, mais je peux quand même dire que la distance est un vrai challenge. Je ne pense pas que mes amis m’aient oubliée ou ne m’aiment plus (ça, le temps nous le dira), mais j’ai pu constater que les nouvelles reçues sont bien plus rares que celles envoyées.
J’en suis donc venu à penser que le vieil adage n’était pas tout à fait faux. Quand on s’éloigne, on ne fait plus partie du quotidien des gens, on sort de leur routine, de leurs habitudes, la spontanéité n’a plus la même place à cause du décalage horaire… Et par la force des choses les contacts sont moins fréquents…
Pas totalement naïve, je me doutais qu’avec le temps, certaines relations succomberaient à la distance, mais j’étais loin de me douter que : 1- cela arriverait dès les premières semaines et 2- cela concernerait des amis que je considérais imperméable à l’éloignement. Mais tout aussi bizarrement, et pour mon plus grand plaisir, certaines personnes se sont révélées très présentes.
Loin de moi l’idée de généraliser, mon histoire n’est pas universelle, et d’autres expatriés auront probablement une version différente.
Mes conseils :
- Acceptez que la distance altère les relations d’une façon ou d’une autre
- Consacrez votre énergie à créer de nouveaux liens et entretenir ceux qui valent le coup
- Prenez les choses comme elles viennent, et laissez faire le temps
5 – Le couple est mis à rude épreuve
Que celui ou celle qui n’a pas connu de tension dans son couple lors d’un déménagement lève la main. Un déménagement par essence, c’est source de tension, rien qu’en partant à 10kms de chez soi.
Ajoutez à cela, la perte de repères, la solitude, l’inactivité, la confrontation avec une nouvelle culture et un réseau social quasi-inexistant, et vous comprendrez vite que l’expatriation peut facilement décupler les tensions au sein du couple. Dans notre cas, nous avons traversé quelques petites turbulences peu après notre arrivée. Très indépendants l’un et l’autre en France, on s’est senti un peu trop « dépendants » au début, avec une désagréable impression d’évoluer en huis-clos, des difficultés à communiquer, des petits coups de blues…
Quand on part vivre à des milliers de kilomètres, on n’appelle pas ses amies pour leur raconter que son Jules nous coure sur le haricot, on ne part pas se réfugier chez sa mère, on n’improvise pas une soirée avec ses copines… Quand on part vivre à des milliers de kilomètres, on a moins de soupapes. On peut éventuellement aller faire un tour dans le quartier, et très certainement se perdre et du coup être assez contente de rentrer enfin chez soi.
Mais plus probablement, quand on part vivre à des milliers de kilomètres, on fait face et on apprend à composer avec des situations nouvelles. Le bon côté, c’est que ce qui ne tue pas le couple, le rend plus fort, l’expérience nous l’a prouvé.
Salam Selma,
Merci pour ce partage! Effectivement un bel article.
Concernant le fait de découvrir son attachement à son pays une fois qu’on en est éloigné, j’ai testé. C’est d’ailleurs en se mélant aux autochtones de son pays d’accueil que l’on sent à quel point on est différent.
Et pour ce qui touche aux amis qu’on laisse ou aux amis qui partent c’est certain que la distance et la durée de l’expatriation jouent sur la fréquence des contacts qu’ils soient téléphoniques ou épistolaires. Mais quelle joie de se retrouver, de se serrer dans les bras après tant de mois passés loin les uns des autres!
Dieu vous aide à vivre loin des êtres chers (et du reblochon!)
Au plaisir de vous retrouver ici ou là…
Bien à toi
salam
Excellent Aloïse ^^ah oui je parlais même pas du reblochon et cie (quoi qu’on peut trouver mais à des prix :-(
merci pour ton commentaire qui appuie l’article tu as bien raison et c’est quand on le lit qu’on se rend compte de tout ça
à très bientôt ma chère Aloïse !
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<3
Bel article! Mon frère est expatrié aux USA aussi et c’est dur dur parfois. Leur manque principal à lui et sa femme c’est la famille… Dur dur de ne se voir qu’une ou 2 fois par an quand on avait l’habitude de se voir toutes les semaines…
En tout cas, j’y suis allée pour leur rendre visite et effectivement tout est tellement différent! Je ne me vois pas y vivre. Mais je me suis régalée de toutes ces découvertes!
Merci pour ton témoignage
Eh oui c’est malheureusement le côté le plus dur …
à bientôt !
Oh ! Tout est vrai dans cet article. Pour le déracinement, il faut voir la fameuse courbe d’adaptation, après la première période « vacances » où tout est super nouveau, excitant etc … on a souvent un « down », où on n’aime plus son nouveau pays, les gens vous énervent, etc … et puis, si tout va bien, avec le temps, on s’adapte, on change ses habitudes, et ça remonte. Sinon, faut s’en aller, au risque de tomber dans la dépression (j’en ai vu des comme ça, et il a malheureusement des tristes histoires de suicide chez les expats aussi). Pour les amis, clairement, quand on ne partage plus un quotidien, c’est dur !
Et pour la culture, idem: par définition, la culture c’est une partie de nous dont on ne devient conscients que lorsqu’elle est confrontée (parfois avec une certaine violence) à celle des autres. Il est tentant alors de se dire « Ils ont tort, ils font pas comme il faut, ils manquent de bon sens ». Il faut alors du temps (cf plus haut) pour comprendre qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises manières de faire ou de penser. Il y a la mienne et celle des autres !
Quant au couple … ahhhh … avec mon expérience de l’Asie et de sa « fièvre jaune » qu’attrapent souvent les maris au contact de jolies jeunes filles sans scrupules … j’en ai vu des crises de couples !!!
Bref, l’expatriation (ou l’immigration, d’ailleurs) c’est pas si simple ! Mais comme toujours, sortir de sa zone de confort, ya pas mieux pour apprendre, grandir, progresser !